Biography

David Armstrong est un membre principal – et probablement le photographe le plus discret – de l’Ecole de Boston, développant au fil des années un style extrêmement personnel. En effet, dès les années 1970, il est associé à la « Boston School », composée de jeunes photographes comme Jack Pierson, Philip-Lorca di Corcia, Mark Morrisroe, Shellburne Thurber, tous jeunes diplômés de l’École du Musée des Beaux Arts de Boston. Avec eux et avec son amie de longue date, Nan Goldin, il partage les mêmes thèmes photographiques, centrés sur leur vie personnelle, sur les gens qu’ils rencontrent et fréquentent dans les milieux marginaux de Boston puis New York. 

Connu tout d’abord pour ses portraits intimes de jeunes hommes, amis ou amants, il se met dès les années 1990 à la photographie de ville et de paysage, baignés dans des flous mélancoliques, où les voitures, néons et signes lumineux se fondent sensuellement, contrastant avec la vie presque tangible de ses portraits. Une intensité calme et romantique se dégage ainsi de ses photographies, dans une ode à la beauté et à l’instant présent. Ses paysages sont ceux d’un monde à la fois familier et transcendantal, ses portraits délicats sont un poème dédié à la vulnérabilité de ceux qu’il photographie. « [ Je ] voulais faire des images qui soient simples, directes et accessibles, à propos de la relation entre moi, le modèle, et la lumière ». 

Son rapport à la lumière, en effet, est une part essentielle de son travail. Celle-ci, toujours naturelle, entre dans l’image par une direction unique, et baigne modèles et paysages de sa froideur douce et bienveillante. La vision de Armstrong est ainsi portée par des qualités intuitives, son regard pénétrant guidé par ses sensations et ses désirs. Ses photographies sont en effet marquées par une grande ambivalence, parlant à la fois de désir et de désespoir, à l’instar de la relation complexe entre Éros et Thanatos. Surmontant cette indécision entre désir et mort, ses photographies sont pleines d’espoir, celui de la possibilité d’annuler les contraintes de ce monde pour entrer dans une ère intemporelle, faite uniquement de beauté et de sensualité. Le titre de son premier ouvrage, « The Silver Cord » tiré de l’Ecclésiaste, fait d’ailleurs référence à cette nécessité d’un éveil spirituel tant que la mort ne l’a pas rendu impossible. L’artiste, ainsi, semble obsédé par la beauté et la jeunesse, comme des barrières contre la mort dans sa propre quête de pureté spirituelle. 

Tant ses portraits intenses que ses paysages romantiques et ombrageux sont caractérisés par une harmonie délicate entre obsession pour l’impermanence de la beauté –qu’elle soit érotique ou évanescente – et sens de l’atemporalité de la mémoire, qui conserve pour l’éternité. La dualité, ainsi, est emblématique de son travail, où le familier revêt un caractère étrange et l’étrange devient étonnamment familier. Il rend compte ainsi du mystère qui sommeille au sein de chaque paysage, transformant ces endroits en univers magiques aux formes nébuleuses. Ses paysages sont comme des métaphores de son état d’esprit, flottant dans un espace temps étiré, presque comme celui d’un subconscient onirique. 

Il utilise la photographie comme un dispositif de séduction, une sublimation de son propre désir, préservant ainsi la vie et le caractère réel de ses sujets, sans fard et sans mise en scène, dans les moments immobiles de la vie, comme arrêtés entre deux actions. La simplicité et la profondeur de ses portraits n’entament en rien leur intensité, dans laquelle le spectateur est comme absorbé, happé. Chaque élément y est subtil, comme la projection de son désir, qui est contrebalancée par sa grande fascination pour ses modèles. Leur laissant une grande liberté, il arrive ainsi à capter leur essence, révélant leur identité profonde. Cet art du geste simple qui révèle la personne, combine psychologique et formel d’une façon très harmonieuse. Pendant longtemps, Armstrong conserve son travail à l’abri des regards du public, préservant ainsi son intégrité absolue, gardant l’intimité de son monde personnel pour lui et ses proches seuls. Ses photographies, en effet, sont un témoignage précieux de l’intense amour entre eux et lui, entre ses proches eux-mêmes, entre toutes ces individualités qu’il admire, et dont les portraits sont une ode à ce qu’ils sont, malgré l’étiquette marginale que la société leur donne. 

David Armstrong est né en 1954 à Arlington, près de Boston, dans le Massachusetts. Il étudie à a la Satya Community School, puis l’École du Musée de Boston, avant de partir à New York dans les années 1970 pour étudier à Cooper Union. En 1983, il retourne à Boston pour enseigner l’art et terminer ses études, obtenant un diplôme de Beaux Arts de l’Université de Tufts en 1988. Après avoir vécu en Europe pendant plusieurs années, il retourne à New York en 1997. À la même période, son travail obtient une reconnaissance plus large, alors qu’il commence la photographie de mode, après avoir été chargé par le jeune designer Heidi Slimane de prendre des photographies dans les coulisses du défilé Dior de 2001. Ses photographies ont été publiées dans  de nombreux magazines comme Vogue, et il a produit de nombreuses campagnes de publicité, ce jusqu’à sa disparition en 2014. Récemment, son travail a été exposé à la Biennale de Whitney (New York, 1995), Boston Institute of Contemporary Art (Boston, 1995), Hamburger Kunsthalle (Hamburg, 1998), Whitney Museum of American Art (New York, 2003), Whitney Museum of American Art (New York, 2015). 

Ses oeuvres sont conservées au Whitney Museum de New York, ainsi que dans les archives de nombreux magazines de mode et de haute couture. 

 

 

David Armstrong was a core member - and probably the most discreet - of the Boston School photographers, developing a highly personal style. During the 1970s, he was associated with the “Boston School” of photography, composed of young photographers such as Jack Pierson, Philip-Lorca di Corcia, Mark Morrisroe, all graduates of the School of the Museum of Fine Arts in Boston during the 1970s. With them and with artists such as his friend Nan Goldin, he shares the same themes, focused on their personal life, on the people they meet and live with, in the world of social outsiders of Boston then New York. 

First known for his intimate snapshots portraits of male friends or lovers, he began photographing cityscapes and landscapes in soft focus in the 1990s, where cars, street lights and signs are sensually blurred, contrasting with the vividness and tactility of his portraits. A quiet and romantic intensity emerges from his photographs, in a hymn to beauty and instantaneity. His landscapes are of a familiar and transcendental world, his delicate portraits are a poem dedicated to the vulnerability of those he photographs. “ [I] wanted to make pictures that were simple, direct and accessible, about the relationship between myself, the sitter and the light.”

His relation to light, indeed, is one of the main component of his work. Light is always natural, unidirectional, and impregnating sitters and landscapes of a soft and benevolent coldness. Armstrong's vision is thus driven by his intuitive qualities, his penetrating gaze being guided by his sensations and desires. As a matter of fact, his photographs are marked by a deep ambivalence, speaking of both desire and despair, like the complex relationship between Eros and Thanatos. Overcoming this duality between desire and death, his photographs are quietly hopeful, expressing the hope of rescinding the constraints of our own world to enter a timeless realm, made only of beauty and sensuality. The title of his first book, ‘The Silver Cord’, from the Ecclesiast, is besides a reference to that need for a spiritual awakening before death. Thus, the artist seems obsessed by beauty and youth, as if they were barriers against death in his own search for spirit purity. 

His intense portraits as well as his romantic and shadowy landscapes are characterized by a delicate harmony between obsession with beauty’s impermanence (could it be erotic or evanescent) and the sense of the timelessness of memory. Duality is emblematic of his work, where the familiar is made strange and the strange made deeply familiar. He thus renders the mystery of each landscape, transforming each place in a magical and nebulous realm. His landscapes are like metaphors of his spirit, floating in extended time and space, like a dreamlike subconscious. 

Armstrong uses photography as a seductive device, a sublimation of his own desire, preserving the life and realness of his subjects, unvarnished and without dramatization, in the stillness of life between two actions. The simplicity and deepness of his portraits make them even more intense, the viewer being absorbed and snatched by their intensity. Each element is very subtle, and the projection of his desire is exceeded by his fascination for his sitters. He leaves them with a great freedom, and thus succeeds in catching their essence, revealing their profound identity. His art of simple gesture revealing the person shows a perfect balance between psychological and formal. For a long time, Armstrong preserved his work far from the public, protecting its complete integrity, and keeping the intimacy of his personal world for him and his friends only. His photographs, indeed, are a precious testimony of the intense love between his relatives and himself, between all these individuals he admires, and whose portraits are an ode to what they are and represent, despite the outsider tag society gave them.  

David Armstrong was born in 1954 in Arlington, Massachusetts. He attended the Boston Museum School then studied in New York at the Cooper Union during the mid-1970’s. In 1983, he returned to Boston to teach art and resume his studies, and earned a Bachelor of Fine Arts from Tufts University in 1988. After living in Europe for several years, he came back to New York in 1997. At the same time, his work gained more recognition, as he came to fashion photography, first commissioned by the young fashion designer Hedi Slimane to shoot backstage at a Dior catwalk in 2001. His photographs appeared in many magazines such as Vogue, and he realized numerous advertising campaigns until his death in 2014. Recently, his works have been exhibited in the Whitney Biennale (New York, 1995), Boston Institute of Contemporary Art (Boston, 1995), Hamburger Kunsthalle (Hamburg, 1998), Whitney Museum of American Art (New York, 2003), Whitney Museum of American Art (New York, 2015). 

His works are in public institutions such as the Whitney Museum (New York), as well as the archives of many high-fashion magazines.