Tatouages, scarifications ou simples arabesques? Les lignes de Margot s'épanouissent et s'enroulent autour de visages d'anonymes. Ces enluminures picturales contaminent un tirage photographique d'une autre époque, sobre, souvent en noir et blanc. C'est dans cette apparence aseptisée que Margot redonne vie à ses figures : chacune retrouve un nom, un type de motif, une composition propre. Le travail fin et minutieux de l'artiste rend la visibilité d'une existence oubliée. Les techniques mixtes employées - crayons, stylos billes, encres de chines, pastels- se mettent au service du mouvement. Un mouvement psychique, fantomatique, recentré sur le regard, entre autre, vivant.
Née en 1982 à Issoudun, Margot ne devient Margot qu'en 2014. Choisissant son nom d'artiste conjointement à sa reconversion professionnelle, celle qui était jusqu'alors fleuriste débute une pratique artistique professionnelle. Sans formation artistique ni référentiel, l'artiste tient particulièrement au caractère original de son style qu'elle répète inlassablement. Depuis une dizaine d'années, Margot vit en marge de la société, un choix de retrait face à un monde moderne trop rapide et futile.
Pour Margot, ses lignes créent un monde intemporel, un ailleurs semblable au moment clé de sa créativité. Sa main guide le crayon sans assumer la maternité de l'oeuvre finale dans un automatisme presque surréaliste. Chaque production, de grand format, s'impose comme une possibilité, une porte vers cet ailleurs si cher à l'artiste. Entre abstraction et figuration, Margot souligne autant le visible que l'invisible et maintient ainsi une part de mystère dans la complexité de son réseau de lignes.
Jade Larrat