Biography

Naoya Hatakeyama est un artiste au travail étonnant, qui imprègne d’un esthétisme sophistiqué des sujets en apparence peu dignes d’intérêt artistique. En effet, il transforme des scènes ordinaires en des objets de fascination, perturbant notre regard. Rarement un artiste a montré un intérêt aussi constant et presque obsessionnel pour des sujets si déterminés, promenant toujours le même regard, à la fois profond et distant, sur des scènes qu’il choisit au Japon, en Europe et aux Etats-Unis.

Son travail archéologique se plonge dans des thèmes ayant trait à la relation dialectique entre l’homme et la nature – où destruction et construction sont intrinsèquement liés, au temps, et à la machine, produit technologique exprimant par excellence l’essence du monde moderne, dans ce qu’il a de plus grandiose et de plus dévastateur. Il aborde ces thèmes à travers des images à l’esthétique précise, faisant montre de son sens délicat des formes, couleurs, lignes, lumières, mais aussi de la perspective, tous ces éléments se combinant pour former des compositions belles et froides, à l’instar de son regard à la fois fasciné et détaché, dépourvu de tout jugement de valeur.

Son travail photographique, en effet, vise à toucher ce qui, dans l’art, est universel. Même lorsqu’il photographie, en 2011, sa région natale du Rikuzentakata dévastée par le tsunami, il semble fournir comme un état des lieux des ravages, laissant à peine transparaitre son choc et son désespoir.  Ces photographies, pourtant produites dans la douleur, se replacent parfaitement dans la lignée de ses clichés de carrières, d’usines, de mines, de bâtiments en construction, d’égouts, de fumées industrielles, de buées, de villes ou d’explosions. Toutes sont des portraits de la beauté fragile des espaces urbains et industrialisés, de l’empreinte laissée par l’homme sur la surface de la terre, marque à la fois gigantesque et infime, à l’image des pelleteuses qui creusent des montagnes, réduisant à néant des iles entières au large de Japon, pour les reconstruire plus loin, sous forme d’immeubles en béton, qui seront eux-mêmes détruits dans des explosions impressionnantes pour revenir à l’état de gravât – soit à la terre, selon un principe cyclique, destruction et construction étant comme le négatif et le positif d’une même photographie.

Il raconte ainsi son exaltation ressentie à la vue de cette puissance technologique déployée par l’homme ; machines aux énormes pneus, pelleteuses, foreuses exprimant la grandiloquence de la machine. Pourtant, il ne fait ni l’apologie ni la critique de cet étalage technologique, considérant seulement l’espace photographié comme la scène accueillant le conflit permanent entre homme et nature, et montrant seulement en quoi et espace est défini, façonné par ces deux forces.  A travers des images paisibles,  diluées dans une lumière douce, il rend compte de la majesté de ces paysages, exprimant la capacité de l’homme à apprivoiser et manipuler  la nature.  L’homme est –presque- toujours absent des images, il est un intrus –pionnier ou survivant -, dans une appréhension de la nature qui n’est possible qu’en l’absence de l’humanité. En effet le photographe, à travers l’empreinte humaine, montre la prégnance du règne minéral et végétal, dans des espaces à la fois lunaires et pré-historiques. Cette ambivalence entre nature et culture, entre absence et présence humaine, produit des images énigmatiques, hantées par une beauté étrange et comme artificielle, qui visent à questionner le spectateur sur sa relation au monde. En effet la photographie est par excellence un «médium pour apprendre sur le monde », permettant de voir différemment, mais aussi de voir plus (par exemple une explosion dont les étapes ne sont pas visibles à l’œil nu), créant une conscience de la structure du monde.  Son sens ludique du medium et ses images à la fois magiques et froides, offrent une exploration du monde et une méditation sur la suspension du temps. Le temps y est une permanence du momentané, le monde comme figé pour l’éternité dans le moment d’une métamorphose fugitive. Cette ambivalence se retrouve dans toute son œuvre ; momentané et éternel, microscopique et macroscopique, passé et présent, rapidité et lenteur, naturel et fabriqué. Ce monde magique où les images du présent semblent être aussi du passé et du futur, est un rêve créé par l’harmonie subtile des antagonismes, et révélé par une esthétique du sublime.

Naoya Hatakeyama est né à Iwate en 1958. Il étudie à l’Ecole d’Art et de Design de l’Université de Tsukuba en 1981, puis l’Université de Tsukuba en 1984. Il est fasciné par les objets technologiques, qui creusent la terre tels de petites cuillères. Dans ses photographies de carrières, d’explosions de bâtiments, il exprime la même méditation subtile sur le temps, la place de l’homme dans l’immensité de la vie, et l’usage de la nature fait par les hommes. Récemment, son travail a été exposé à l’Institut du Monde Arabe (Paris, 1990), Fox Talbot Museum (Lacock, UK, 1994), Instituto Giapponese di Cultura di Roma (1996), L.A. Gallery (Frankfurt, 1998), Architecture Gallery in Columbia University (New York, 2000), Northern Gallery for Contemporary Art (Sunderland, UK, 2002), National Museum of Art (Osaka, 2002), Cultural Forum for Photography (Berlin, 2004), Tokyo Art Museum (2006), Canadian Centre for Architecture (Montréal, 2007), Anglo-Japanese Foundation (London, 2010), Metropolitan Museum of Photograhy (Tokyo, 2011), Huis Marseille (Amsterdam, 2011), San Francisco Museum of Modern Art (San Francisco, 2012), Taka Ishii Gallery (Tokyo, 2013-2016).

Son travail est conservé dans ces musées : le National Museum of Modern Art (Tokyo), National Museum of Modern Art (Osaka), Museum of Fine Arts (Houston), Victoria and Albert Museum (London), Museum of Modern Art (New York), Tate Modern (London), Tokyo Metropolitan Museum of Photography, SF MOMA (San Francisco), Maison Européenne de la Photography (Paris), Swiss Foundation for Photography (Winterthur), Yale University Art Gallery (New Haven), Huis Marseille Foundation for Photography (Amsterdam), Kunsthaus Zürich (Switzerland), Galleria Civica (Modena).

 

 

 

 

Naoya Hatakeyama’s work is surprising, impregnating of a sophisticated aesthetic subjects apparently unworthy of artistic interest. Indeed, he transforms ordinary scenes in objects of fascination, disturbing our gaze. Rarely an artist shown such constant –and almost compulsive- interest for such determined subjects, with the same deep and distant gaze upon scenes he chooses in Japan, Europe and USA.

His archaeological work plunges in themes linked with the dialectical relationship between man and nature –where destruction and construction are intrinsically bond, with time, and with the machine, ultimate technological product expressing the essence of the modern world, in his most grandiose and devastating characteristics. He approaches these themes through images of precise aesthetic, with a delicate sense of forms, colours, lines, lights, as well as perspective, every elements combining to form beautiful and cold compositions, just like his fascinated and detached gaze.

His photographic work, indeed, aims to touch to what in art is universal. Even when photographing his native region of Rikuzentakata, devastated by a tsunami in 2011, he shows the ravages without showing his shock and despair. These photographs, yet produced in pain, perfectly fit in the line of his shots of quarries, factories, minestrones, buildings, sewers, industrial smokes, steams, cities or explosions. They are all portraits of the fragile beauty of urban and industrialized spaces, of the print let by man on the surface of the earth, which is both gigantic and minuscule, just like big excavators digging in mountains like little spoons, destroying entire Japanese islands, to further rebuild mountains of concrete skyscrapers, which will be later destroyed in impressive explosions to come back to the state of rubbles – that is to the earth, according to a cyclic principle where destruction and construction are the negative and positive of a same photograph.

He thus explains the exaltation he feels when looking at the technological puissance deployed by man; enormous tyres machineries, excavators, drilling machines, expressing the grandiloquence of engines. Yet, he doesn’t glorify nor criticize this technological display, only considering the photographic space as the scene of the permanent conflict between man and nature, and only showing  how this space is defined and shaped by these two forces. Through quiet images, diluted in gentle light, he renders the majesty of these landscapes, expressing the ability of man to tame and manipulate nature. Man is –almost- always absent from the images, he is an intruder –pioneer or survivor-, in an apprehension of nature only possible within the absence of mankind. Indeed, the photographer, through the human print, shows the pregnancy of the mineral and vegetal kingdom, in spaces both lunar and prehistoric. This ambivalence between nature and culture, human absence and presence, produces some enigmatic images, haunted by a strange and almost artificial beauty, which aims to question the viewer on his relationship to the world. Indeed, photography is above all a “medium for learning about the world”, which enables to see differently, but also to see more (e.g. an explosion whose stages are not visible to the naked eye), creating an awareness of the structure of the world. His playful sense of the medium and his images both magical and cold offer an exploration of the world and a meditation upon the suspension of time. Here time is a permanence of the momentary, the world is eternally fixed in the moment of a fugitive metamorphosis. This ambivalence is in his whole oeuvre; momentary and eternal, microscopic and macroscopic, past and present, speed and slowness, natural and built. This magical world where images of the present seem to be also of the past and of the future, is a dream created by the subtle balance of antagonisms, and revealed by an aesthetic of the sublime.

Naoya Hatakeyama was born in Iwate in 1958. He graduated from the University of Tsukuba School of Art and Design in 1981, and then completed his postgraduate studies at the University of Tsukuba in 1984. His works mostly focuses on the heightened tension between human culture and nature that is prominent in modern technological societies. Indeed, he is fascinated by the technological devices, that dig in the earth like little spoons. In his photographs of the quarries, of explosions of cities, he expresses the same subtle meditation about time, the place of mankind in the immensity of life, and the human consumption of nature. Recently, his works have been exhibited in Institut du Monde Arabe (Paris, 1990), Fox Talbot Museum (Lacock, UK, 1994), Instituto Giapponese di Cultura di Roma (1996), L.A. Gallery (Frankfurt, 1998), Architecture Gallery in Columbia University (New York, 2000), Northern Gallery for Contemporary Art (Sunderland, UK, 2002), National Museum of Art (Osaka, 2002), Cultural Forum for Photography (Berlin, 2004), Tokyo Art Museum (2006), Canadian Centre for Architecture (Montréal, 2007), Anglo-Japanese Foundation (London, 2010), Metropolitan Museum of Photograhy (Tokyo, 2011), Huis Marseille (Amsterdam, 2011), San Francisco Museum of Modern Art (San Francisco, 2012), Taka Ishii Gallery (Tokyo, 2013-2016).

His works are held in museums such as National Museum of Modern Art (Tokyo), National Museum of Modern Art (Osaka), Museum of Fine Arts (Houston), Victoria and Albert Museum (London), Museum of Modern Art (New York), Tate Modern (London), Tokyo Metropolitan Museum of Photography, SF MOMA (San Francisco), Maison Européenne de la Photography (Paris), Swiss Foundation for Photography (Winterthur), Yale University Art Gallery (New Haven), Huis Marseille Foundation for Photography (Amsterdam), Kunsthaus Zürich (Switzerland), Galleria Civica (Modena).